domingo, 5 de outubro de 2003

[Brel] Orly

E porque hoje é domingo...
Um ano antes de morrer, Brel viajou da Polinésia a Paris para gravar um derradeiro disco (há uma década que não editava originais). Chama-se simplesmente «Brel» e é o único que não tem o seu rosto na capa, mas apenas nuvens. Os brelianos encontram nessa obra vastos indícios testamentários, desde a canção «Jojo», dedicada ao seu melhor amigo, já falecido, na qual surgem várias referências à morte, a, por exemplo, «Vieillir», «Voir un ami pleurer», ou ainda «Le Bon Dieu». Há quem considere este o melhor disco de Brel. Quem ainda não o possui, tem agora a oportunidade de comprar uma edição especial que contém cinco canções gravadas também em 77 e nunca editadas.
A canção de que mais gosto é «Orly». A ideia, a força da poesia, o movimento musical, claramente inspirado na Marcha Fúnebre... E não é apenas uma canção, é quase um filme. É impossível ouvirmos «Orly» sem «vermos» a cena, sem nos pormos no papel de um dos protagonistas. A referência a Becaud remete para o sucesso «Dimanche a Orly».

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l'un à l'autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire je t'aime
Elle doit lui dire je t'aime
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre
Ces deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et brusquement il pleure
Il pleure à gros bouillons
Tout entourés qu'ils sont
D'adipeux en sueur
Et de bouffeurs d'espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploit de les juger

La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste Orly
Le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l'heure c'était lui
Lorsque je disais « il »
Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre
Et puis,
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement
Ces deux corps se séparent
Et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Il consomme l'adieu
Il bave quelques mots
Agite une vague main
Et brusquement il fuit
Fuit sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier

La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste Orly
Le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
Et elle, elle reste là
Cœur en croix, bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu'elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu'à terre
ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd un amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra de projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre

Je suis là je la suis
Je n'ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit.